Dites-nous André Grevisse...

Interview réalisé par Hadia Hartert en avril 2010

Dites-moi André Grevisse... La Ferme du Château vert, c'est une belle histoire de famille ?

Effectivement, ma grand-mère exploitait cette ferme dans les années 40, il s'agissait alors de « culture naturelle ».

Ensuite, mon père  a repris le flambeau dans les années 70. Epoque ou l'industrie chimique pensait sauver le monde... Il a essayé ce type de production tout en sachant «raison garder».

L'ayant aidé pendant 10 ans avant de reprendre le domaine dans les années 90, j'ai eu tout le temps d'évaluer les problèmes qui découlaient de ce choix : terre fragilisée, bétail souvent malade... Je me suis posé les bonnes questions, j'ai donc trouvé les bonnes réponses ! De formations en conseils avisés, je suis passé à la production BIO en 1995, ce qui a donné un essor indiscutable a ce domaine....

Je suis d'autant plus motivé puisque  mes fils ont décidé de s'investir dans l'entreprise. Romain possède un véritable don avec les animaux et développe des compétences  dans l'élevage et la boucherie; Gil poursuit une licence de Bio-Ingénieur.

 

De nos jours, le BIO est-il totalement fiable ?

La période de reconversion avant de mériter ce label est une sorte de «purgatoire» qu'il faut accepter de traverser... Car seul, le 100 % BIO est à exiger !... Il ne peut y avoir de «demi-mesures», or la crise aidant, de nombreuses fermes conventionnelles ont décidé de faire passer une partie de leur production en BIO pour recevoir les subsides salvateurs accordés à la reconversion ... Mais ils continuent à utiliser désherbants, engrais chimiques et autres pesticides dans le reste de l'exploitation. C'est inacceptable et totalement incompatible!

Il ne suffit pas de revendiquer une agriculture relevant de l'esprit biologique... Il faut  l'appliquer réllement, intégralement en toute transparence !


C'est pourquoi, outre le fait d'être certifié et contrôlé officiellement, je participe également, en tant que producteur bio, membre et signataire de la charte éthique de nature & Progrès depuis près de 10 ans, au système de garantie participative mis en place avec l'association.

Le consommateur doit s'informer et être vigilant ! Qu'il visite les fermes et pose des questions pour se faire son opinion.

 

Existe-il une solidarité entre producteurs BIO ?

Les synergies  avec d'autres agriculteurs sont indispensables, mais je suis très exigeant sur leur manière de produire. Pour certains, je suis trop intransigeant ; pourtant la fiabilité du label et la fidélité du consommateur sont à ce prix !

 

Pensez-vous que le BIO est la solution aux problèmes de faim dans le monde ?  

J'en suis persuadé ! L'agriculture Biologique doit se développer au maximum, c'est une question de survie pour la terre et pour tous les êtres vivants qui l'habitent. Dans les régions de culture chimique intensive, le sol ne possède plus la faune qui l'allège et le transforme... La terre se compactise et n'absorbe plus les eaux du ciel, provoquant des inondations et une perte irrémédiable de l'humus.

La particularité du BIO, c'est aussi de préserver notre patrimoine naturel, rural et culinaire... Mais surtout, notre savoir-faire, gage de notre indépendance et de notre souveraineté alimentaire. Avec le mode de production BIO, chaque pays devrait être en mesure de nourrir sa population...

Vous semblez être entouré d'une équipe motivée ?

Effectivement et je suis très fier de leur engagement !

Par quelle filière distribuez-vous votre production ?

La totalité de la production viande arrive directement chez les particuliers en camionnette frigo sous forme de « Colis Viande » (bœuf, porc, agneau) et la totalité des légumes & fruits se retrouve chaque vendredi dans nos points de dépôts via les « Paniers de Saison ». Chaque samedi, nous ouvrons aussi un « magasin à la ferme » de 9 à 13 h.


Certains précurseurs dans la restauration collective ou d'entreprise tel que Philippe Renard (chef **) qui gère le restaurant d'Ethias font aussi partie de notre clientèle.

Par contre, il m'est arrivé de refuser de livrer mes produits dans certains groupements régionaux, quand il s'est avéré que différents producteurs parmi leurs fournisseurs ne produisaient pas sous label BIO. Le consommateur doit être respecté, la confiance... ça se mérite ! Le flou n'est pas porteur...

Depuis combien d'années participez-vous aux journées «Fermes Ouvertes» ?

Depuis 2001 ! C'est un autre type de défi et d'organisation : Visite guidée, réponses aux nombreuses questions des visiteurs, animations pour les enfants... Mais aussi, élaboration d'un menu gastronomique avec l'aide de chefs qualifiés mettant à l'honneur les produits de la ferme qu'ils agrémentent à leur façon.

Un marché BIO animé par des producteurs  de la région est aussi prévu: fruits & légumes, viandes, pains, produits laitiers, fromages, glaces, gaufres, smoothies, hamburgers, vins...

Des associations régionales œuvrant pour la qualité de vie y trouvent naturellement une place avec leur stand informatif.

C'est toujours un grand moment de « BIO convivialité » ... en toute simplicité !

En 2010, les deux journées "Fermes ouvertes" sont programmées les 26 & 27 juin.

Les visiteurs seront accueillis de 10 à 18h.